vendredi 6 octobre 2017

333. CHRONIQUE : Les Orphelins du Bout du Monde.


Les Orphelins du Bout du Monde.
Harmony Verna, Contemporain, 2017. Langue française - 566 pages - lecture numérique
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Au début du XXe siècle, une somptueuse histoire d'amour à l'atmosphère ensorcelante, avec pour toile de fond les vastes plaines de l'Ouest australien, terres ancestrales du peuple aborigène.
Abandonnée par sa famille dans le désert australien, Leonora est une miraculée. Confiée à un orphelinat, la fillette tisse une amitié aussi forte qu'éphémère avec un petit irlandais rebelle, James O'Reilly. Mais leurs chemins se séparent lorsque Leonora est adoptée par les Fairfield, un couple d'industriels américains.

Un grand merci aux éditions du Cercle Belfond
et à NetGalley pour ce service de presse.

J'arrive, comme souvent, après la guerre. Toute la blogosphère a déjà vanté les mérites de cette œuvre, mais vous savez quoi ? Je vais en rajouter une couche ! Le synopsis m'a harponnée, et même si je n'avais jamais lu aucun roman du Cercle Belfond jusque-là, je pense qu'il ne sera pas le dernier. Je l'ai terminé début septembre et je l'ai déjà offert pour un anniversaire, et conseillé à tout le monde. C'est l'heure de mon avis lecture sur Les Orphelins du bout du monde !

Je dois vous avouer que j'ai tellement aimé découvrir ce roman, ce quasi coup de cœur, que j'ai peur de trop vous en dire. Il faut dire que, dès le début de l'ouvrage, on sait que ce roman va être une merveille : la langue est belle, le texte prenant et déjà une myriade d’émotions commence à venir nous ébranler. Nous sommes placés directement dans l'action, jetés dans le Bush australien, dans la fournaise et la pauvreté. Abandonner son enfant pour, peut-être, continuer soi-même à vivre. On rencontre Ghan, le personnage le plus attachant du roman à mes yeux, celui qui reste, comme un point fixe, au fil des pages, a essayer de réparer le monde sans en avoir les moyens. Et pourtant, il sauve une petite survivante, brûlée, déshydratée, mais toujours vivante, Léonora. Traumatisée par l'abandon, elle s'enferme dans un mutisme et continue de voir son monde s’effriter, bringuebalée ça et là.

Les personnages sont tous très bien construits. Leur personnalité, leurs qualités, leurs défauts, leur passé, tout a une importance. On s'attache, on déteste, on a pitié, aucun rôle n'est laissé au hasard et aucun ne nous laisse indifférent. Nous sommes face à une fresque historique et familiale, nous voyons différents aspects de cette famille : être toujours bien, sous toutes coutures, être père d'une multitude d'orphelins et tout leur donner, être pauvre mais avoir le cœur sur la main, vivre uniquement pour l'être aimé et haïr ce qui peut lui survivre, l'abandon, le recueil, l'amour. Ce roman ne suit pas de plan tout fait, les acteurs de l'histoire et leurs interactions sont entiers et se matérialisent presque devant nos yeux.

On pourrait croire que le texte est larmoyant, mais non, il se rapproche plus des tragédies historiques : la place de la femme dans la société au XIXème siècle, les droits que les hommes pouvaient s'octroyer, la place de l’Église, les mines, la guerre, la maladie, la mort et surtout le Bush, qui aujourd’hui encore est réputé pour être un terrible brasier. Chaque événement, aussi prenant soit-il, prend sa place dans le récit et amène à découvrir des choses, à craindre pour la vie de certains, et à pleurer pour d'autres. Alors peut-être que les gens qui adorent l'action ne seront pas transportés, mais pour moi, c'est une grande réussite. Ni trop ni pas assez, ce roman est juste. La désillusion a une place centrale dans le texte, presque tous les personnages ont connu quelque chose de vraiment très difficile, les choix qui ont pu en découler nous éclaire sur les personnalités. Je me répète mais ce livre est vraiment superbe.

Gros plus : la question des aborigènes. Ce n'est pas un peuple qui a une grande place dans la littérature, ou alors sous forme de mythe, une idée du « bon sauvage ». Merci d'en avoir fait des êtres humains, avec des sentiments. Merci d'avoir montré la cruauté de l’Église et de l’État envers eux, alors que c'est leur terre et qu'ils ont été colonisés. J'aurai aimé en voir beaucoup beaucoup plus, mais j'ai espoir.

L'écriture est belle, prenante, Harmony Verna maîtrise très bien sa plume. Cependant deux parties se distinguent très bien, le début accroche, certes, mais est un peu lent (même si mes premières larmes sont arrivée dès la première cinquantaine de pages). Il y a énormément de descriptions et surtout passé la séparation entre James (quel petit chouchou, vous verrez) et Léonora, il y a énormément de face à face entre leurs deux vies. C'est un peu long mais on peut voir l'évolution de leurs vies, en parallèle et même si ça annonce la seconde partie, c'est très agréable ! Et vous vous doutez que cette seconde partie dont je parle ce concentrera sur nos deux personnages principaux et sur une possible réunion.

En bref, c'est un roman que je vous conseille vraiment. Alors certes, il y a un côté pavé non négligeable, mais arrivé à un peu moins de la moitié, les pages défilent à une vitesse folle, on est accroché, et on ne peut plus le reposer. Lisez-le, aimez-le et venez m'en parler, si ce n'est pas déjà fait !

Bonus : je vais même pouvoir en parler dans mon mémoire, je suis joie.



Vous en avez entendu parlé ? Vous l'avez lu ? 
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

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