jeudi 14 juin 2018

347. CHRONIQUE : Moana, tome 1 : La Saveur des figues.



Moana, tome 1 : la saveur des figues, Silène Edgar. Roman de science-fiction jeunesse. 2010. Langue française - 281 pages - lecture papier.


Le monde a subit un terrible refroidissement, la Polynésie où vit Moana n'est plus telle qu'on la connait aujourd'hui. Moana devient une femme et doit se marier pour aider à repeupler la planète. Sa famille cache un grand secret : ils cachent Mémine, son arrière-grand-mère, qui a connu la catastrophe et entretient le souvenir en racontant comment était le monde et le goût du soleil. La jeune fille refuse de vivre une vie toute tracée et semble bien décidée à partir à l'aventure...  

Un grand merci à Castermore et à 
 Livraddict pour ce service de presse.

Je connaissais Silène Edgar de nom, principalement pour des ouvrages tels que 14/14 ou 42 jours, mais je n’avais encore jamais lu d’ouvrage de l’autrice. Lorsque LivrAddict a proposé lors de ces derniers partenariats Moana, j’ai décidé de tenter ma chance car déjà, entre le nom et la couverture, je partais voyager loin dans les îles. Bon,... pendant une partie du roman, j’imaginais Moana avec le visage de… Moana (Vaïana en français) alors que le personnage ne lui ressemblait pas du tout, mais on s’y fait rapidement et une fois lancé, les pages se tournent seules.

La plume de l’auteur est simple et efficace, accessible aux plus jeunes lecteurs se lançant dans les longs romans ou la dystopie. Au départ, j’ai trouvé les dialogues un peu surfaits, puis je m’y suis faite, il faut dire que les enseignements ont changés à la suite de la catastrophe, l’expression des enfants a sûrement suivi le mouvement. Silène Edgar écrit les choses sans utiliser de figures de style à outrance, c’est peut être mieux pour les enfants mais quelques descriptions supplémentaires pourraient être agréables pour un lecteur adulte. Il m’a manqué des éléments à certains moments pour plonger complètement dans l’histoire. Malgré tout, ça se lit vite, on est pris au jeu, et les courts chapitres permettent un dynamisme dans la lecture.

Moana est une petite fille de 12 ans, c'est à travers ses yeux que l'on découvre le monde. Son ignorance et son immaturité permettent aux lecteurs de se plonger dans ses aventures. Elle est adorable, à la fois candide et déterminée et on découvre grâce à elle la place des femmes dans ce monde post-apocalyptique. Les femmes ne servent qu'à enfanter, sauf si leurs capacités sont suffisamment impressionnantes pour rejoindre la capitale et travailler pour l'État. A l'approche de ses premières règles, son mariage s'organise déjà, et comme il est dit dans le synopsis elle ne l'entend pas ainsi. Mémine est le second protagoniste, encore une femme, (et ça fait plaisir). C'est une femme qui a connu le monde avant la catastrophe, elle parle de la puissance de la mémoire, de la transmission intergénérationnelle, de la vieillesse. Autant de thèmes portés par un seul personnage, tellement attachant, sensible et doux, elle qui est portée par ses rêves et l'amour.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. La grand-mère de Moana est considérée comme vieille, elle était bébé quand la catastrophe a eu lieu et à pousser ses enfants à suivre les nouvelles règles tout en empêchant sa mère d'être raflée. Le parallèle avec la Seconde Guerre mondiale est prégnant : toute personne de plus de 60 ans va une rafle, les villages sont rationnés, les populations sont manipulées par un livre d'éducation unique sur l'ensemble des terres encore habitables et habitées. Les histoires sont interdites, chose qui passionne Pierre.  On retrouve également Alessandro ou Chris qui sont ont des personnalités très intéressantes qui auraient pu être un peu plus développées.

L'histoire est assez simple, on retrouve presque toute l’intrigue dans le résumé : il est question d'aventures, de voyage; de détermination. Cependant de nombreuses péripéties se terminent trop vite, sans offrir de réelle résolution, ce qui est vraiment dommage. Ca semble trop simple, trop rapide et trop évident par moment. Mais encore une fois, un enfant d’une dizaine d’années devrait être séduit.

C’est un roman aux thèmes forts qui se termine exactement comme je voulais qu'elle se termine, ce qu'il y a fait couler quelques larmes sur ma joue. On y parle de famille, de vieillesse, de culture, de mémoire, de deuil, du pouvoir des histoires et de l'imagination, de l'égalité entre les hommes et les femmes. Un livre important pour les plus jeunes, un livre dur parfois mais avec une jolie morale. On y parle d'amour, de propagande, de violence, de peur.

Il y a tout particulièrement deux scènes qui traitent d’attouchements, si ce n’est de tentative de viol et très dur à lire car Moana a douze ans. C'était osé, courageux, ambitieux de placer cette thématique dans un livre pour les collégiens.

J'ai énormément apprécié que l'histoire ne se déroule pas en Europe ou en Amérique et que la capitale du monde vivable soit Pondichéry, ça change de nombreuses ouvrages de science-fiction, dystopie, anticipation. Ce choix de l’autrice apporte une fraîcheur toute particulière à la lecture, c’est un grand oui.

Pour conclure il est nécessaire de dire que le tome 1 se suffit à lui-même. La fin est satisfaisante et en fait un excellent ouvrage d'étude au collège. De nouveau, un grand merci pour l'envoi de cette réédition de Moana, paru chez Castelmore et à LivrAddict pour l’envoi. C’était une lecture très agréable que je vous conseille. Et j’espère quand même que la suite mènera à plus d’action !

Comme une impression de douceur...
Avez-vous lu ce roman ? Est-ce qu'il vous intrigue ? :)

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