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vendredi 17 octobre 2014

79. Journée mondiale contre les douleurs.

Aujourd'hui vendredi 17 octobre, est la journée mondiale du don d'organes, la journée mondiale du refus de la misère et la journée mondiale contre la douleur. Vaste projet. Mais je vais vous parler de cette dernière proposition.

Citation de John Green, Nos étoiles contraires
« Le truc avec la souffrance, c'est qu'elle exige d'être ressentie »

Lorsque 20% de la population souffre en silence,

Chaque année, des dizaines de douleurs invisibles touchent une partie de la population : diabète ; fibromyalgie ; lupus ; scoliose ; manifestations psychosomatiques de l'anxiété, de la dépression, et autres ; sclérose en plaques ; arthrite ; cancer ; sida ; ulcère ; épilepsie ; hernies ; scoliose, et tant d'autres.

Selon l'IASP* et l'EFIC**, une personne sur cinq est touchée par ces douleurs chroniques modérées à forte. Cela rend parfois la vie impossible, et ces organismes nous rapportent qu'une personne sur trois incapable ou difficilement capable de mener une vie indépendante. Et qu'en outre, une personne sur quatre rapporte que la douleur perturbe ou détruit ses relations avec sa famille et ses amis.

Pourquoi choisir de vous parler de cette journée,

Je fais partie de ces gens qui ont un rapport étrange à la douleur. Je m'y suis habituée au fil du temps, depuis quelques années, je suis constamment en douleur modérée, je ne la ressens plus comme les autres. Elle fait partie de mon quotidien. Je continue d'aller travailler, d'aller rire et de danser en soirée devant Just Dance. Mais mon corps a besoin d'un peu plus de récupération, si je dors moins de 8 ou 9 heures, mon corps me rappelle qu'il est là par ces douleurs. Je me dis que cette petite souffrance n'est rien, que je peux passer outre. Et je le fais, je vais en cours, retourne au travail, marche beaucoup. Seulement voilà, lorsque j'ai vraiment mal, lorsque mes douleurs passent de modérées à fortes, c'est trop tard.

Je vous écris, l'écharpe pour le bras posée à côté de moi. Il y a quelques jours j'ai aidé à déménager l'espace de nos futurs locaux d'action, en plein milieu d'un IUT de notre agglomération. J'ai pris des mesures de précaution pour mon dos car mon hernie discale s'est (presque) résorbée. Et je ne pensais pas du tout à mes anciennes douleurs, celles qui se réveillent parfois l'hiver, les articulations qui te font souffrir ou d'anciennes fractures... Et bien là, j'avais oublié cette déchirure à l'épaule. Depuis près d'une semaine je continue le boulot, les devoirs, je continue de prendre des notes malgré cette écharpe...

T'es en sucre ?

C'est ce que l'on m'a demandé lorsque je suis arrivée au théâtre mardi soir le bras plaqué contre mon corps, sans grande possibilité de mouvement. Ils se souvenaient des médecins qui m'ont fait porter une attelle au poignet durant un an et demi, de ma béquille lorsque je m'étais fait une grosse entorse, ou encore, de cet infâme corset médical.

Mais c'est mon problème, je ne suis pas en sucre, je pousse tout simplement trop. Je n'écoute pas ces soit-disant signaux d'alerte, je n'ai même pas l'impression de les émettre. J'ai toujours fais mes heures au travail en deux-trois jours, en parallèle des cours, et puis les stages aussi, et un peu de vie personnelle. J'ai eu des accidents également, ça peut arriver à tout le monde de tomber dans les escaliers ou d'avoir un accident de voiture. Par contre beaucoup stoppent lorsqu'ils commencent à avoir mal alors que je ne m'en rends pas compte. J'ai travaillé dans un fast-food américain en ayant mal, en prenant jusqu'à trois anti-inflammatoires par jour pour continuer à travailler rapidement. J'ai dû me faire opérer d'urgence par la suite et les médecins m'ont dit qu'à deux semaines près je mourrais d'une septicémie donc non, je ne pense pas être en sucre, au contraire.

Les personnes autour de nous jugent sans savoir, ils vont se montrer aimable -ou parfois même pas- avec les personnes ayant un handicap physique marquant, ceux en fauteuil roulant, ceux déformés par la naissance ou par la vie (d'ailleurs, mes chères Margaux et Amandine, je vous embrasse...). Certaines de ces mêmes personnes ne vont pas comprendre pourquoi à vingt-trois ans des personnes comme moi, jeunes et dynamiques, ne peuvent pas rester debout trop longtemps, ne peuvent plus porter de charges excessives, et autres. Les douleurs invisibles, ces maladies qui touchent tant de monde ne sont pas reconnues à leur juste valeur, beaucoup croient que les personnes qui ont mal sont douillets, sont des petites natures. J'espère que cette journée sera un minimum médiatisée pour faire comprendre à l'autre que souffrir continuellement peut lui arriver aussi, un jour.


* L'Association internationale pour l'étude de la douleur
** La Fédération européenne des sections locales de l'IASP

La souffrance change les gens.

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